Témoignage de François, Belgique

«Un revenu de base devrait garantir que les gens ne soient pas forcés de rester seuls »

François, 22 ans, Belgique

Je suis originaire de Verviers et suis en recherche d'emploi depuis 8 mois et demi. Je vis avec mes parents et je suis inscrit dans 15 agences d’intérim, certaines à Verviers et d'autres à Liège. Les agences aident en recherchant par ordinateur les emplois disponibles qui correspondent à mes qualifications mais en général je suis exclu parce que je n'ai pas de voiture ou je n'ai pas assez d'expérience.

Mes parents perçoivent des allocations familiales pour moi car je suis sans emploi, et d'eux je reçois environ 75 euros par mois pour mon usage personnel.

Le manque d'autonomie est difficile et l'absence de revenus limite aussi ma vie sociale. Je peux rencontrer mes amis et parler avec eux, mais rien de plus. Je n'ai pas les moyens de sortir parce que c'est trop cher.

Le problème, c'est que lorsque vous n’avez plus de vie sociale, vous avez moins de chances de créer un réseau social qui pourrait vous conduire à un emploi. Plus vous vous isolez, plus vous vous déconnectez de cette possibilité de trouver du travail.

Ma compréhension de la «protection sociale» est qu’il s’agit d’un système en place où chacun apporte une partie de son salaire pour aider les autres en situation précaire. Je pense que le système est assez bon en Belgique, mais il n'y a toujours pas assez d'emplois pour les gens qui en cherchent un.

Le délai d'attente de neuf mois en Belgique est difficile. Je préférerais ne pas avoir à attendre 9 mois avant de recevoir de l'argent de façon autonome. Si ce soutien financier avait commencé au début de ma période de chômage, j’aurais peut-être pu avoir une voiture à l’heure qu’il est et obtenu un des emplois que j’ai sollicités. Je ne comprends pas vraiment le stage d'attente mais je sais que c'est « moins cher » pour une entreprise d'embaucher quelqu'un après les neufs mois de stage d'attente, donc cela peut désavantager ceux qui ne sont pas au chômage depuis aussi longtemps.

Je crois qu’il est important que la « protection sociale » soit un moyen de protection du revenu afin de répondre aux besoins élémentaires - comme le logement, la nourriture, mais aussi le transport en vue de rechercher un emploi. Je pense qu'il devrait aussi être suffisant pour garantir que les personnes aient la possibilité de ne pas être seules.

Pour moi, le droit au travail est important car il donne de l'autonomie et les moyens de participer à la société.

Témoignage de Jack, Belgique

« Nous avons besoin d’un système qui promeut la solidarité »

Jack, 26 ans, Belgique

Cela fait 18 mois que je vis en Belgique et je travaille dans une usine métallurgique à Bruxelles. J’ai un contrat d’emploi fixe à plein temps. Je suis originaire du Pérou et là-bas, j’ai eu plein de boulots différents. J’ai été chauffeur de taxi pendant 2 ans et demi, et je travaillais plus ou moins 6 jours par semaine, 15 heures par jour. C’était du travail informel et chaque mois, j’avais un salaire différent, parfois 200 euros par mois, parfois moins. Après cela, j’ai eu un emploi formel dans un hôtel pendant 6 mois. Je nettoyais les chambres et le week-end je conduisais des taxis. J’ai quitté mon boulot à l’hôtel pour venir en Europe.

Je suis arrivé en Belgique pour travailler, pour étudier et pour aider ma famille parce que j’avais la chance de venir ici. Quand j’ai décidé de venir, j’avais en tête l’idée que le salaire que je pourrais gagner me permettrait d’apporter un soutien à ma famille et de payer mes études.

J’ai cherché du travail pendant 6 mois en Belgique. C’était difficile parce que je ne parlais pas la langue mais j’ai cherché par l’intermédiaire des agences d’intérim, j’ai visité les lieux de travail pour demander un emploi et j’ai demandé à tous les gens que j’avais rencontrés de voir s’ils pouvaient m’aider à trouver du travail.

Témoignage de Lien - Belgique

« Avec les qualifications que j’ai, je ne peux pas aller dans une agence d’intérim. Donc, je dois me débrouiller par mes propres moyens »

Lien Van der Meeren, 25 ans, Belgique

En 2004, j’ai obtenu le diplôme de pédagogue. Lorsque j’ai terminé mes études et commencé à chercher un emploi, je me suis rendu compte que ce n’est pas parce qu’on a des qualifications que c’est facile de trouver du travail. Bien que nous ayons un bon système de protection sociale, nous devons attendre 9 mois avant de pouvoir recevoir une aide du gouvernement.

Donc j’ai d’abord dû faire d’autres boulots qui ne correspondaient pas à mon diplôme. Je devais bien faire ça si je voulais gagner un peu d’argent et m’insérer dans la société. Le problème majeur lorsque l’on recherche un emploi, c’est que les associations demandent quelqu’un qui a de l’expérience. Mais si on n’a pas la chance de commencer quelque part, on ne peut jamais acquérir cette expérience.

Je pense qu’en Belgique, nous avons un très bon système de protection sociale mais il y a encore énormément de jeunes qui n’arrivent pas à s’intégrer dans le système et dans la société. J’ai rencontré beaucoup de jeunes qui ont des difficultés pour trouver un emploi fixe.

C’est particulièrement difficile pour les jeunes qui n’ont pas de diplôme. Ils doivent changer d’emploi tout le temps et doivent faire de longues journées de travail mais ils ne gagnent pas autant que les autres qui sont qualifiés. Ils sont pris dans une sorte de cercle vicieux du travail temporaire et sans soutien, il leur est très difficile de s’en sortir. Souvent, ils ne se sentent pas valorisés pour le travail qu’ils font, ils ne sont pas satisfaits et par conséquent, ils ont une piètre opinion d’eux-mêmes.

Pour ces personnes, la JOC veut signifier quelque chose. Nous voulons les aider à trouver un bon emploi et de cette manière, à prendre confiance en eux. De plus nous voulons aider nos membres à faire le bon choix au niveau des études et leur donner les informations dont ils ont besoin pour trouver un emploi et comprendre le système de protection sociale.

Témoignage d'Anna, Autriche

"Parfois, je n'avais pas de pause car il y avait trop à faire."

Anna Maria, 23 ans, Autriche

Anna Maria a terminé son stage dans le commerce de détail. Pendant sa formation pratique dans une chaîne de magasins, il y a eu un vol d'une valeur de 5000€ dans le magasin et Anna ainsi qu'une autre collègue ont été licenciées.

Elle aimait beaucoup son travail. C'était une bonne formation et elle apprenait plein de choses, même si elle avait des horaires difficiles. Pendant la période de Noël par exemple, (du début décembre jusqu'au 6 janvier) personne n'était autorisé à prendre congé.cLe 24 décembre et le 31 décembre, TOUT LE MONDE devait être au magasin, jusqu'à la fermeture. Seuls les jours fériés étaient des jours de congé.

Pendant sa période d'essai, Anna travaillait 40 heures par semaine, plus des heures supplémentaires* (*pendant la période d'essai, c'était en fait illégal). En fin de période d'essai, elle gagnait environ 1000€ par mois. Ses heures de travail étaient réparties en différentes plages tout au long de la journée. Elle commençait très tôt le matin et travaillait jusque très tard le soir. Elle était toujours la dernière à partir. La pause pendant la journée était trop courte pour rentrer chez elle. « Parfois, je n'avais pas de pause car il y avait trop à faire. »

Témoignage d'Erdijan, Allemagne

"Certains des autres employés n'ont pas obtenu des vêtements de protection à travers leur agence d'intérim, donc je ne veux pas porter la mienne non plus parce que je ne veux pas me sentir différent des autres"

Erdijan, 18 ans, Allemagne

Avant, nous vivions au Kosovo mais notre famille a fui les violences qui touchaient notre pays. Nous vivions à Pristina, la capitale.

Quand nous sommes arrivés en Allemagne, nous avons passé 3 mois dans un camp de réfugiés. Nous étions 13 à partager une même chambre.

Nous vivons à 5 dans notre appartement : mes parents, mes deux frères et moi. Mon père travaille dans une fabrique de pain. Nous recevons également des revenus complémentaires du bureau d’aide sociale.

Pendant longtemps, ma famille a eu peur d’une possible expulsion. Maintenant j’ai un permis de séjour. Jusqu’à il y a quelques mois, ma grand-mère avait une autorisation de séjour spéciale et nous avions très peur qu’elle soit renvoyée au Kosovo. De son côté, elle a beaucoup souffert de cette insécurité.

Je suis Rom. La langue romani est très importante pour moi. Je ferai en sorte que mes enfants l’apprennent aussi. Les membres de ma famille vivent un peu partout en Europe. J’ai eu mon diplôme de secondaire qui m’a préparé à travailler comme apprenti. J’aimerais commencer une formation de cuisinier. Mon rêve serait d’avoir un restaurant qui offre de la nourriture yougoslave.

CAJ Allemagne

KAJ Flandres

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